Ce matin, dès leur arrivée au collège, nos élèves se sont retrouvés sur la cour, par classe, pour un temps d’hommage à Samuel Paty, enseignant assassiné le 16 octobre dernier.

Voici le déroulé de cet hommage ainsi que quelques photos.

Cérémonie d’hommage à Monsieur Samuel Paty, enseignant assassiné le vendredi 16 octobre par un terroriste après avoir montré quelques jours auparavant des caricatures à ses élèves dans le cadre d’un cours, d’un débat sur la liberté d’expression.

 

  • Accueil par M.MICHEL

 

« Chers élèves, chers collègues,

Il y a 2 semaines, nous nous sommes quittés au portail du collège pour le temps des vacances de la Toussaint.

Après plusieurs semaines de travail dans le contexte sanitaire exigent que nous connaissons, nous étions heureux de ce temps de pause. Pendant que nous marchions vers nos domiciles, que nous étions en car, ou en voiture, un drame se jouait à Conflans Saint-Honorine, aux abords d’un collège proche de Paris.

En effet, un enseignant d’histoire-géographie, M Paty, était assassiné par un terroriste de 18 ans.

Pourquoi ? Pourquoi ! La réponse serait-elle une justification ? Un droit de tuer ? Aucune raison ne permet à un être humain de prendre la vie d’un autre être humain. Donc il n’y a pas de pourquoi ! Il n’y a pas de parce que !

Quelques jours auparavant, dans le cadre de ses cours, M Paty avait montré des caricatures, c’est-à-dire des dessins humoristiques ayant pour objectif de faire réfléchir ceux qui les regardent,  afin de créer un débat sur la liberté d’expression avec ses élèves. Respectueux, il avait même indiqué que les élèves qui ne se sentiraient pas à l’aise avec ces dessins pouvaient sortir de la classe. A la sortie du cours, des élèves ont informé leurs parents, à leur manière (c’est-à-dire aussi de manière déformée, exagérée et peut-être fausse) du contenu du cours et des caricatures. Parmi les parents, plusieurs ont communiqué de manière insultante et virulente sur les réseaux sociaux. Et voilà qu’un jeune homme a décidé de « tuer » l’enseignant.

Qu’en pensez-vous ?

Chacun a sa réponse.

La République, notre pays, qui a choisi comme devise Liberté, Egalité, Fraternité a sa réponse. C’est celle de la liberté d’expression, du droit de dire, de dessiner, de s’exprimer, et cela de manière respectueuse. C’est ce qu’a fait M Paty devant, avec et pour ses élèves.

Ainsi M Paty, professeur d’histoire-géographie de son métier, papa d’une enfant de 5 ans a été assassiné.

Dans notre République, nul n’a le droit de mort sur un autre, nul n‘a le droit à la violence. C’est notre condition pour que nous vivions ensemble. Si non, c’est la loi du plus fort. La loi des animaux. Non pas celle des êtres humains.

Chers élèves, chers collègues, nous sommes réunis ce matin pour nous souvenir de M Paty, mais aussi de toutes les victimes au quotidien des violences et des terroristes, en France et dans d’autres pays du monde. Je pense ici aux élèves camerounais assassinés dans leur école ou encore aux catholiques tués dans la basilique de Nice il y a quelques jours.

Alors que faire ? Subir ? C’est-à-dire attendre le prochain drame en espérant que cela tombe loin de nous ?

Agir ?

Mais comment ?

Notre présence ce matin est une action.

Dans vos paroles chaque jour. Dans vos gestes chaque jour. Vous pouvez être des artisans de paix. Il y a mille façons de le faire. Il y a mille façons de la vivre.

Comme le Petit Prince avec son renard, nous avons à nous apprivoiser les uns et les autres. Nous avons à proclamer que la violence est inacceptable, ici, aujourd’hui, demain, partout. Nous avons à proclamer que notre plus grand trésor, c’est la vie. Et nous devons défendre chaque vie, toute vie, partout et toujours.

Je vous remercie pour votre attention. »

 

Instrumental violon + piano Hallelujah

 

  • Lecture de 2 textes par des élèves délégués des classes de 3ème

 

Prière de Saint-François d’Assise

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »

 

Sourates  provenant du Coran et évoquant la paix

Sourate 2, verset 208 : « Ô vous qui croyez ! Entrez tous dans la paix ; ne suivez pas les pas du démon car il est votre ennemi déclaré »

Sourate 4, verset 86 : « Quand on vous salue courtoisement par un signe de paix, saluez d’une façon encore plus polie ou bien rendez simplement le salut. »

Sourate 6, verset 127 : « Le séjour de la paix leur est destiné auprès de leur Seigneur en récompense de leurs actions sur terre. »

Sourate 10, verset 25 : « Allah appelle à la demeure de la paix et guide qui Il veut vers un droit chemin. »

Sourate 59, verset 23 : « C’est Lui, Allah. Nulle divinité autre que Lui. Il est le roi, le saint, la paix, celui qui témoigne de sa propre véridicité. (…) »

“Ne tuez pas la personne humaine, car Allah l’a déclarée sacrée” (sourate 6, v. 151)

 
“Celui qui a tué un homme qui n’a commis aucune violence sur la terre, ni tué, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. Celui qui  sauve un innocent, c’est comme s’il avait sauvé l’humanité toute entière.” (sourate 5, v. 32)
 
“La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse le mal par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux.” (sourate 41, v. 34)
 
 

 

 

  • Envoi vers l’avenir : proposition d’échanges sur la liberté d’expression en heure de vie de classe le vendredi 6 novembre.

 

  • 11h00 minute de silence par classe avec lecture de la lettre aux instituteurs de Jean Jaurès par un élève ou un enseignant.

 

La lettre de Jean Jaurès (philosophe et homme d’état français)   écrite en 1888 aux instituteurs et institutrices:

“Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme.

Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse.

Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.

                                         

 

 

 

 

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